Saturday, May 7, 2011

« Métaphore à 3 sous »

« Métaphore à 3 sous » – Caméra subjective

AVRIL 30, 2011
par egyptesolidarite

« Dignité liberté justice sociale », voilà le mot d’ordre de la révolution égyptienne.
(Karama, horeya, adala ijtima3eya)

On a le sentiment profond d’avoir conquis notre dignité…
et que maintenant on travaille à la conquête de la liberté et de la justice sociale.
La liberté… ce sentiment qu’on pourrait, et que donc qu’on devrait.

Hier Amr Shalakany professeur de droit à l’université américaine et un activiste des droits de l’homme a été arrêté. Par qui ? Par l’armée. Il fait face à une sentence parait-il de 12 ans en taule devant un tribunal militaire. Une fois devant un tribunal militaire, tout le monde le sait, y a pas grande chance d’intervention par les organisations des droits de l’homme ni par un processus légal « juste ». Le seul espoir c’est de le sortir des mains des militaires avant de passer devant leur tribunal. On raconte qu’il a essayé de pénétrer avec sa voiture dans un endroit interdit par l’armée et qu’il a insulté l’armée égyptienne.

Ça c’est mon petit récit concernant la liberté politique. Même s’il n’est pas présenté devant le tribunal militaire, et que ce n’est qu’une arrestation menaçante… une menace par mois entre les activistes est suffisante pour que le message soit bien compris: vous n’êtes pas libres, tout dépend de la bonne générosité de l’armée.

Toujours hier, je devais faire mesurer un morceau de terre en campagne dans la région de Fayoum qui appartient à ma famille pour le vendre. Les voisins sont sortis avec des machettes pour revendiquer une commission. Leur logique « ils n’ont pas l’argent pour acheter, mais ils auraient voulu acheter, donc je devrais leur donner un « bout » pour qu’ils rangent leur machette ». Le jeune fils qui joue avec la machette, est une caricature des voyous que je vois tous les jours sur les journaux en train de terroriser la population.

Le jeune aux yeux morts et machette luisante, criait « télévionnement » (équivalent moderne de théâtralement) « nous avons déjà tué et nous pouvons tuer encore, on s’en fout ». On va probablement essayer encore une dernière fois (parce qu’il y a déjà eu plusieurs tentatives) de leur vendre le bout qui les intéresse, après il faudra utiliser la police pour nous protéger pendant qu’on mesure le terrain pour l’échanger contre de l’argent (transaction archaïque).

Je suis donc en plein « manque » de sécurité de l’après révolution ? Mais non, la police va être efficace si je la paye on me dit. Rien n’a donc changé… ce spectacle de machette aurait eu lieu avant la révolution, et la police ne serait intervenue qu’en la payant (corruption, oui).

C’est clair que sur le terrain ou j’étais hier, la révolution n’a fait que des changements de style télévision… à peine. Cet épisode est bon pour comprendre les élections imminentes. Révolution ou pas révolution, sur le terrain (physique et figuratif) négligé et détruit de notre pays, les choses se passent dans l’absence de l’Etat et dans la faiblesse du contrat social, c’est-à-dire entre voyous, riches et opportunistes, j’ai du mal à voir comment un individu qui n’appartient à aucune de ces catégories puisse faire de la politique – ou des films-. Je vais vous tenir au courant, parce que j’ai l’intention d’en faire.

« On est des acteurs, pas des spectateurs »
Maintenant chapitre justice sociale: dans quelques heures je vais assister à une fête des paysans, qu’ils tenaient tous les ans mais sous le règne de la peur et donc c’est la première fois que cette fête a lieu dans la liberté de l’après révolution. On s’attend à des nombres plus importants et ils vont annoncer la fondation d’une union indépendante des paysans… pour défendre leurs droits dévorés par des décennies de corruption et d’oppression sauvages.

Voila dans cette direction là, la liberté politique pour une meilleure justice sociale a l’air d’être plus palpable. C’est probablement la réponse à ma question du paragraphe précédent: ce n’est qu’en masse que les individus sans ambition politique carriériste personnelle, ni argent, ni machette, donc des individus comme moi, peuvent faire et influencer la politique du pays.
Demain c’est le premier Mai après la révolution, j’espère que Tahrir va faire les nouvelles avec des millions d’ouvriers et de travailleurs. J’espère, aujourd’hui et demain vont résister aux effets d’hier…

Donc tout ça se passe en même temps… et tout ça a son influence en même temps.
En réponse à la question que les médias répètent à tue-tête: Mais pourquoi encore des manifs, faut avoir la patience, attendre les résultats. (J’ai envie de leur répondre avec une métaphore à 3 sous: « mais on est des acteurs, pas des spectateurs… on ne peut pas attendre les résultats »)

Nadia Kamel
30 avril 2011

je change de vitesse


Caméra subjective – « Je change de vitesse »

AVRIL 26, 2011
par egyptesolidarite
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« Caméra subjective » est la chronique de Nadia Kamel, cinéaste égyptienne. A travers ses billets, mais aussi ses images, nous allons la suivre dans le tourbillon d’une révolution en train de se faire, au hasard de ses rencontres et de ses réflexions. « Caméra subjective » propose un point de vue personnel et embarqué entre récit et pratique filmée de la révolution égyptienne…

Les difficultés que je rencontre tous les jours pour que je puisse continuer à croire au changement me paralysent.
Je veux voir que le peuple a changé le régime et que maintenant le régime ne peut être ni vu ni rencontré nulle part.
Ce n’est pas du tout vrai, le régime est encore enraciné un peu partout: derrière chaque porte il y a un adhérant de l’ancien régime, qui ne se cache pas, au contraire, il ne fait que se montrer et se vanter.
Vite, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas continuer à courir en pente montante. Si je veux continuer l’ascension vers une société plus libre… faudra changer de vitesse.
A un certain moment, prise à cheval entre l’élan de la révolution, réunions et manifs tout le temps et ma vie quotidienne, je me suis trouvée sans aucune activité. La cadence est dingue, des réunions politiques dans 3 ou 4 partis intéressants… mais qui peut soutenir ce rythme? Je me rends compte que chacun a choisi son parti, ou le groupe qui va faire sa vie politique dans les mois a venir.
Et moi?
Je me vois mal dans un seul parti, moi je m’intéressais apparemment à faire le tour des organisations naissantes pour voir ce qui se passe. Et assister à toutes les manifs.
hmm
du tourisme politique?
Je suis passée de quelqu’un qui ne faisait que la révolution du matin au soir, voire en rêvait la nuit à quelqu’un qui n’a AUCUNE activité politique, hormis facebook bien sûr…
C’est vraiment décevant.
J’achète une caméra….
Je ne peux plus participer à la révolution sans filmer.
Et là du coup, je retrouve mes pédales…
Un nouveau tempo… un tempo dur qui va durer.. qui va donner des fruits.

Nadia Kamel
26 avril 2011

trailer مقدمة

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الـهـنـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــد
داخــــل المسابقة الرسمية
في مهرجان مومباي الدولي
من الثالث وحتى التاسع من شباط 2008

INDIA

10th Mumbai International Film Festival,for Documentary, Short & Animation Films,

"Official Competition"

3 to 9 Februery 2008

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